Effrontée enfant des fortifs de la porte de Clignancourt, Lucette Dhotelle chantait et vendait à la sauvette des fleurs aux rupins fréquentant les chics établissements parisiens
Provocante et coquette avec sa gouaille de fleur du pavé parisien, Lulu vendait facilement tout son panier
Paul Poiret, le grand couturier en vogue, charmé par sa gracieuse, fraiche et joyeuse insolence la remarqua devant le "Fouquet's" et l'engagea comme mannequin pour sa collection de printemps 1924.
A 16 ans son impertinence la sort de la misère
Son culot et ses réparties amusèrent les cabarets de Montmartre et Montparnasse et la firent remarquer de la grande Fréhel qui l'invita dans son tour de chant à l'Olympia le 21 novembre 1924
En 1925, la Môme moineau est remarquée par Lee Schubert, propriétaire de 70 salles aux Etats-Unis
Premier succès dans "Night in Paris" à New York
1927, triomphe à Broadway dans "Casino de Paris"
La Môme Moineau en 1927
Epuisée après une sortie en boîte de nuit après son spectacle à Broadway , elle choisit l'arrière d'une Rolls décapotable d'un inconnu pour s'y endormir profondément.
C'était la voiture d'un milliardaire Portoricain, Felice Benitez Reixach, qu'elle épousa 3 mois plus tard. Elle a 18 ans.
Il traverse ensemble la crise de 1929 qui le ruine. La Môme Moineau lui rendit les bijoux dont il l'avait couvert pour l'aider et devint barmaid le temps de la crise.
Ingénieur et bâtisseur des ports de Porto Rico et de la République Dominicaine, il refit une fortune encore plus grande, grâce à sa proximité avec les américains et le dictateur de la République Dominicaine, Rafael Trujilo
La femme la plus riche du monde devant une de ses voitures Rolls Royce et son premier avion personnel Beechcraft
Elle possséda de nombreuses voitures de luxe dont cette splendide Delahaye carrossée par Figoni & Falaschi
Le "Moineau Flyer II", un DC3 ayant participé à la deuxième guerre mondiale luxueusement réaménagé
A Cannes, en 1953, le "Moineau III", 110 mètres de long. Le petit yatch, à côté, appartient au Duc de Windsor
30 chambres avec douche et réfrigérateur
Avec Charles Trenet.
Une vie de fête avec aussi
Maurice Chevalier, Tino Rossi, Pierre Lazareff, Georges Carpentier, Lucienne Boyer, Al Johson, Harold Lloyd, Picasso, Van Dongen, les Dolly Sisters ...
Petite fille, la roulotte familiale s'était arrêtée quelques temps à Maisons-Laffitte.
Elle y acheta la Villa Carmen en 1948, avec son vaste terrain délimité par les avenues Charlemagne, Molière et Destouches. Luxueusement décorée, la baignoire fut moulée sur son corps...
Les bruyantes libations jusqu'à l'aube avec ses hôtes Jean Cocteau, Mistinguett, Jean Gabin, Luis Mariano, Foujita, Georges Simenon, Yvonne Printemps, Michel Simon, Sacha Guitry, Pierre Fresnay, Pierre Brasseur, Jean Renoir, etc importunaient son voisin, le milliardaire Franck Jay Gould, dans sa Villa Edifra, avenue La Fontaine, dérangé par des tirs de revolver ou des concours de tambours.
Elle acheta au 23 rue Masson un appartement à sa mère.
Elle posséda aussi une maison rue de Bellevue au Mesnil-le-Roi
Pendant les travaux d'aménagement de la Villa Carmen, la Môme Moineau vit à la "Vieille Fontaine"
Le 5 janvier 1947, partie dîner à "La Roseraie", elle est victime du plus gros vol de bijoux depuis la fin de la guerre:
85 millons de Francs ( le smic en 1950 est 14 000 Francs par mois ! )
Les meilleurs policiers de France dont Roger Borniche mirent un an pour retrouver les voleurs.
Un des deux comparses, Voss, raconta avoir perdu dans sa fuite la moitié des bijoux à cause d'un sac décousu
La Môme Moineau a confessé, une fois les faits prescrits, être l'auteure d'une escroquerie à l'assurance !
Sa carrière de chanteuse fut courte. Elle en voulu beaucoup à Louis Leplée, son imprésario, lorsqu'il baptisa sa nouvelle découverte la Môme Piaf, plus talentueuse mais moins pétillante.
Ecoutez-la en 1936 sur le Poste Parisien
Elle mourut en 1968 à Neuilly après une vie dissolue avec l'argent facile de son mari, proche de l'impitoyable dictateur de la République Dominicaine, Rafael Trujiro.
Bien qu'immensément riche, elle rechignait à régler les dettes faites chez son épicier mansonnien
La vie hors du commun de la Môme Moineau côtoyant les grands artistes de son temps fut romancée pour créer sa légende.
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Michèle (samedi, 28 septembre 2019 14:43)
intéressant cette vie intrépide
Louis (samedi, 05 octobre 2019 15:45)
Je suis un très vieux mansonien merci de tout cette histoire..
Dhotelle (jeudi, 20 mai 2021 15:32)
Bonjour Lucienne était ma grand tante !!
Jérôme Dhotelle
Renée (samedi, 29 juin 2024 16:09)
Je suis une nouvelle mansonnienne (2007) et très intéressée pour l'historique de Maisons Laffitte alors merci beaucoup.